vendredi 24 janvier 2014

exposition de gravures de Juliette Planque

exposition de gravures de 
Juliette Planque
galerie l'Oeil Ouvert
74, rue François Miron, 75004 Paris, Métro St Paul
du 16 janvier au 9 février 2014
Ouverture du mardi au samedi 
de 11h à 19h et dimanche de 14h à 19h.

© Juliette Planque

© Juliette Planque

© Juliette Planque

© Juliette Planque

© Juliette Planque

© Juliette Planque

© Juliette Planque

© Juliette Planque

© Juliette Planque


dimanche 5 janvier 2014

« Vives natures mortes » Maxime Préaud, peintures, dessins, gravures

Les objets, dans l’articulation de notre mémoire au réel, nous tiennent lieu de ligaments. Et leurs pantomimes comme leur immobilité actionnent en nous la mécanique du souvenir.

Les « natures mortes » n’ont donc de défuntes que le nom, comme le démontrent magnifiquement les peintures et les gravures de Maxime Préaud, représentations tantôt tendres ou graves, tantôt pleines d’humour de ces objets du quotidien que d’ordinaire nous méprisons, peut-être parce qu’obscurément nous leur reprochons de nous voir de trop près. Au travers d’oeuvres réalisées de 1985 à nos jours dans des techniques mélangées (pastel, acrylique, gouache) et de gravures vives, expressionnistes presque, voici qu’affleure toute la poésie d’un monde immobile et silencieux grâce au talent de Maxime Préaud, dont l’oeuvre démontre qu’il n’est pas d’objet dont l’humilité domestique ne mérite d’être traduite. Ainsi de simples sacs poubelles, obèses plastifiés, ventrus et calmes, sûrs de leur fait, comme ces bourgeois du XIXe dans leurs culottes de velours… En voici d’écarlates, si excentriques pour nous Français qui ne connaissons le sac poubelle que dans sa livrée sombre du tiers-état… importés d’Angleterre, ce sont les Habits Rouges de la poubelle, et on se prendrait presque, en les remplissant, à leur donner du « My Lord ».

Ces chaussures, usées, vaguement renfrognées, une bottine de femme type cousette qu’affectionnait Hugo, et puis cette basket bleu pâle qui gît après sa maraude urbaine…, une brosse à dents, bien droite dans son verre près de son époux le dentifrice qui met trop d’after-shave à la menthe, planté dans un verre qui brille… et, dans des cuisines, des bouteilles mi- pleines de spiritueux, d’air, de lumière et de souvenirs…, des fruits trop mûrs, travaillés au pastel mêlé d’acrylique, cette cuisine peinte dans un matin provençal, des pommes sensuelles et pourpres, lourdes, en contrepoint d’une bouteille vide, claire et d’un bol bleuâtre sur une nappe jaune et bleue, toile envahie par l’été, presqu’une enluminure, comme si toute la cuisine avait mûri en même temps que les fruits ; d’autres tables peuplées de coloquintes ventrues et fanées près de cafetières sans âge et dont la forme rassure…, des objets racontés plusieurs fois, tel ce flacon bleu, effilé et haut comme un minaret et qui vient de Venise, ou ce bol rouge et blanc, beau comme un conte, aux couleurs de Blanche-Neige : ici, un masque africain, brut et vivant, là, un visage de céramique, mat et étonné… Le peintre, plus que la ressemblance avec le modèle, traduit la provenance, et derrière le sujet peint, c’est bien en filigrane ce « quelqu’un » qui a donné ou légué le bol, le flacon, le masque, qui apparaît. Le spectateur accède ainsi à la légende des choses, voire à leur généalogie.

Cette veste pendue sur sa patère, pathétique comme un amoureux éconduit au téléphone, presque orpheline, semble attendre une forme, quelque chose qui la peuple, et ses plis racontent l’absence, graves comme ceux du pallium de quelque saint peint à l’antique…, une autre sur un cintre exhibe, dérisoire, sa rangée de feutres figée dans la poche de revers, ainsi un général vaincu ses médailles… Enfin, dans des gravures nettes comme le sceau d’un monarque, la palette du peintre est alors en majesté : il faut voir ces cafetières et ces flacons vert pomme, rouge cardinal, ces ustensiles quasi dynastiques qui posent, saturés comme des autochromes, rehaussés d’ombres violettes. Maxime Préaud célèbre alors non la majesté du réel, mais celle du temps qui passe dans les amours qui durent, et ses peintures comme ses gravures chroniquent alors, élégiaques et gaies, ceux qui sont « de l’autre côté ». Pour preuve ces crânes, dont les orbites irradient parfois d’une lumière noire et mélancolique la scène du tableau…, mais la couleur revient toujours, triomphante, le crâne seul est alors peint dans un fond bleu ciel, rayé par le vif mouvement du pinceau. Et voici que la « vanité » vibre, sous une palette tonique qui balafre la fatalité, avouant nous parler malgré tout, encore et toujours, de la vie.

Murielle Antonello Terzago - 14 décembre 2013

Exposition du 11 janvier au 9 février 2014

Galerie l’Echiquier – 16, rue de l’Echiquier – 75010 Paris