lundi 8 mars 2010

article publié dans les Nouvelles de l'estampe : Le Bois Gravé à la Fondation Taylor

gravure sur bois de Jean Lodge

L’exposition de gravures sur bois proposée par l’association Le Bois Gravé et qui s’est tenue du 9 au 31 janvier 2009 dans l’atelier de la Fondation Taylor a été l’occasion de faire un merveilleux voyage. On y a retrouvé toute la diversité de la création que permet le bois dans l’éventail des styles, des techniques et des sujets : le bois gravé demeure l’un des arts plastiques majeurs de l’expression artistique contemporaine.

gravure sur bois de Dimitris Souliotis

Cette manifestation a été aussi l’occasion de revenir sur la prestigieuse revue du Bois Gravé. Née le 18 février 1982, elle a vocation à faire connaître et apprécier l’art de la gravure sur bois et les artistes qui la pratiquent ; des pièces exceptionnelles de François Maréchal, Jacques Hallez, Jeannine Hervé, Gérard Blanchet et José San Martin entre autres, rappelaient la diversité des thèmes et des relations internationales abordés par l’association.
Le bois de bout était superbement exploité par deux artistes : Jean-Marcel Bertrand pour la force des architectures impeccablement traduites dans les deux Célébrations, du bois et du fer, et Hajimé Watanabé pour la délicatesse de la taille au burin dans le cœur du buis avec Thēoria tirée en gaufrage à la « manière blanche » et dans l’hommage au graveur-éditeur Gautier Dagoty.
La nature fut louangée sous toutes ses formes, en noir et blanc ou en couleur : Bernadette Genoud Prachet avec sa contemplation de l’arbre ; Jeannine Hervé et ses paysage bretons, traditionnels et rustiques ; les impressions de Sylvain Salomovitz restituées avec beaucoup de nuances grâce à l’ancienne technique des estampes japonaises des pigments délayés à l’eau.
On a trouvé la narration ou l’illustration des scènes du monde qui nous entoure : José San Martin en donne une interprétation colorée et vigoureuse, par exemple ses trois paysans d’après l’œuvre d’August Sander ; Jean-Pierre Lécuyer par ses « saynètes » déroule un récit truculent, tandis qu’Edouard Martin donne à voir avec grâce des personnages ou des décors de vie simple et tranquille et Pascale Hémery, nous offre une vue urbaine monumentale ; d’un autre côté Elbio Mazet, également sculpteur, nous plonge dans l’histoire populaire contemporaine avec les portraits en grand format de Fausto Coppi et Carlos Gardel ; Doaré nous rappelle notre confrontation permanente avec les icônes qui jalonnent désormais le parcours de notre vie quotidienne ; les couleurs et les graphismes flamboyants de Rodrigo Barrientos.


gravure sur bois de Dimitris Souliotis

Enfin on a pénétré les mondes intérieurs, complexes, denses et peuplés de signes et d’êtres parfois étranges : Agathe May, avec deux hautes planches verticales nous présente des personnages réalistes mais dérangeants ; Pierre Collin, Alain Delpech, Michel Vigouroux, Geira Auestad-Woitier et Anne Gohier, chacun à leur manière, soulignent, s’il en était besoin, que la gravure participe bien à l’expression de nos interrogations modernes et très contemporaines.
On a remarqué la prouesse technique de Jim Monson, qui, avec la technique du « bois perdu » produit une estampe hors du commun, exécutée avec deux plaques et 43 passages, et Julien Fischel nous a livré une recherche graphique forte, proche de la puissance picturale.
Les prix ont couronné deux œuvres poétiques. Le premier prix à Dimitris Souliotis pour ses mystérieuses allégories en noir et le deuxième prix à Jean Lodge pour ses merveilleux portraits en couleurs.


Christian Massonnet



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